La mode pollue, c’est un fait aujourd’hui indéniable.
Cependant, la mode est en mouvement, la mode évolue et se transforme pour continuer d’exister dans un monde qui se doit d’être responsable et durable.
Des initiatives émergent, à l’image de la Fashion Revolution Week. Ces initiatives sont vertes, novatrices, et veulent faire de la mode le nouveau secteur de l’innovation responsable.
Mais comment la mode peut-elle être responsable ?
L’éthique n’est rien d’autre qu’une interrogation sur les pratiques d’un secteur, une remise en cause d’un système au profit de nouvelles valeurs plus respectueuses de l’homme et de la planète. Alors la mode se questionne. La mode interroge ceux qui la font et ceux qui la portent sur la provenance des matières, les conditions de travail des employés, pour tendre vers un nouvel idéal : celui d’une mode consciente de son impact et de ses responsabilités actuelles et à venir. Et aujourd’hui, les consommateurs semblent prêts, 62% des Français veulent plus d’éthique dans l’habillement. Laissons-nous la possibilité de questionner nos pratiques.
Nous voulons voir, savoir, connaître. Nous voulons comprendre ce que nous achetons. La transparence est un enjeu à chacune des étapes, de la production à la distribution des produits. La transparence permet de tracer les matières et les usines qui les assemblent pour s’assurer que chacun, à son échelle, participe à la révolution de la mode. Aujourd’hui, des applications et des labels guident les consommateurs pour comprendre comment et où sont fait leurs vêtements. Clear Fashion milite pour faire connaître les pratiques de nos marques de textile en notant les produits grâce à leur code barre, à la manière de Yuka. Un comité d’experts et une base de données scientifiques attestent des informations et de la note attribuée au vêtement. Aujourd’hui, nous avons les moyens de rendre la mode transparente, exigeons-le.
Certaines usines traitent leurs déchets de manière responsables, et certaines vont même plus loin que ça en réduisant drastiquement leur consommation d’eau et d’électricité, en produisant raisonnablement des collections lentes et stables venant bouleverser le cycle infernal de la fast fashion. A ceci, nous pouvons ajouter que de plus en plus de marques produisent à partir de matières recyclées car bien que la production à partir de fibres naturelles soit moins nocive que celle faite de combustion fossile, le recyclage reste la solution la plus responsable pour stopper la sur-production.
Alors oui, nous pouvons produire des vêtements à partir de vêtements, mais nous pouvons produire bien plus. Aujourd’hui, jean et t-shirt deviennent des isolants et des bouteilles en plastique deviennent des baskets. Le cycle de production est rompu par un nouveau processus de recyclage. Des marques existent, nous pouvons penser à Veja, leader de la chaussure recyclée, mais nous pouvons aussi penser au modèle Ector d’Eram, première basket recyclée Made in France. Les initiatives sont partout, faisons-les vivre.
Des fibres naturelles peuvent remplacer le coton, car même le coton bio est dévastateur. Un kilo de coton nécessite 20 000 litres d’eau. D’autres fibres naturelles ne sont pas si gourmandes. Les fibres de chanvre, de bananes, d’orties, d’ananas, nécessitant bien moins d’eau pour s’épanouir sont autant d’opportunités à exploiter pour ralentir voire stopper la production de coton. Des marques de fast-fashion s’engagent petit à petit pour optimiser la recherche sur ce type de sujet. Le Global Change Challenge lancé par H&M a pour but de promouvoir et financer ces initiatives.
De plus, après des catastrophes comme celles du Rana Plaza, l’humain est et doit être au cœur de toutes les préoccupations. Les conditions de travail et de rémunération des employés doivent être irréprochables. Une entreprise de sourcing, Fairly Made, assure la traçabilité des matières mais également le bon fonctionnement des usines. Les deux fondatrices Laure Beth et Camille Le Gal déclarent voyager elles-mêmes sur les lieux de production pour assurer la transparence de leurs usines partenaires lors d’un entretien à l’agence Nelly Rodi. Soyons exigeants et demandons des pièces produites dans le respect des hommes et de notre planète.
De plus, il ne tient qu’à nous, consommateurs, d’acheter différemment. Des courants s’installent petit à petit. Nous consommons différemment, nous nous intéressons à de nouveaux systèmes de pensée. L’hashtag #minimalism regroupe aujourd’hui presque 18 millions de publications sur Instagram. Le style change. Nous voulons moins, mais nous voulons mieux. Les collections premium et conscious prennent de plus en plus de place, même dans les enseignes de fast fashion comme H&M. La société demande de la qualité, des vêtements faits pour durer.
De plus, le marché de la seconde main est en pleine extension. L’enseigne lituanienne Vinted enregistre une croissance de 230% par an depuis sa création. Les 10 millions de membres en France témoignent de la culture de la déconsommation. A la seconde main, nous pouvons ajouter la location de vêtements émergente grâce à des enseignes comme Le Closet qui proposent un dressing renouvelé sans achat. Aujourd’hui encore nous ne portons qu’un tiers de notre garde-robe alors que nous jetons 12kg de vêtements par an et par personne. La location évite l’achat et met en lumière le fait que la mode a toujours sa raison d’être, que les consommateurs en sont toujours autant avides, mais que chacun est conscient des enjeux sous-jacents d’une telle industrie.
Alors oui, la mode pollue, mais nous avons aujourd’hui les moyens de consommer intelligemment et d’exiger des marques qu’elles s’adaptent aux besoins d’une société qui veut pouvoir concilier son amour de la mode et celui de sa planète.
Sources
Sloweare.com
Les Echos “Vinted profite de l’appétit français pour la fripe”, 14 octobre 2019, Dominique Chapuis, URL : https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/vinted-profite-de-lappetit-francais-pour-la-fripe-1139808
GEMTEX Laboratory – Pr. Anne Perwuelz