Marlon Brando – Un tramway nommé désir

Jean Seberg – A bout de souffle

A T-shirt a day ?

17 minutes à pied séparent la porte de mon appartement de la porte de mon école. Ce matin, j’ai décidé de compter le nombre de T-shirts qui croisaient mon chemin. Je me suis arrêtée à 14 au bout de 3 minutes.

 

Vous l’aurez compris, je ne travaille pas chez IPSOS.

 

Bien que mon étude statistique soit faussée par un manque de rigueur mathématique évident, le fait est que le T-shirt est partout.

J’ai donc cherché à comprendre d’où venait cette innovation du vêtement si pratique qu’on ne quitte plus notre bien-aimé t-shirt.

 

Nous allons donc poser les bases. Le T-shirt tient son nom de sa forme en “T”. Le T-shirt est généralement une pièce humble, en coton. Cependant, plusieurs légendes existent autour de cette appellation. Selon certains, le T-shirt aurait hérité son nom du personnel de la bourgeoisie anglaise. se faisant servir le thé – tea – par des hommes en maillot de coton.

 

Aujourd’hui, près de 2 milliards de T-shirts sont vendus chaque année. Cependant, le T-shirt n’a pas toujours été cette pièce phare du dressing universel. En voici sa généalogie.

 

A l’origine, le T-shirt était un sous-vêtement porté par les militaires britanniques. Puis, il fut exhibé par les travailleurs les jours de grande chaleur lorsque ceux-ci ouvraient leur chemise pour se rafraîchir.

 

C’est en 1899 que le maillot de corps deviendra une pièce réglementaire de l’uniforme de l’US Navy. Ceci participera à l’expansion et à la démocratisation du T-shirt. Effectivement, après-guerre, les Européens découvriront cette pièce en coton sur le corps des soldats américains.

 

A la libération, le T-shirt fait son apparition aux yeux du grand public. Sa production devient massive. Néanmoins, c’est le cinéma qui ancrera définitivement le T-shirt dans nos dressings.

 

  • 1951, Un tramway nommé désir, et le T-shirt s’emballe.

Sur le torse de Marlon Brando, le T-shirt devient affriolant, presque indécent. Marlon transpire, Marlon désire, et, avec lui, c’est toute une génération qui verra dans le maillot de corps en coton une connotation puissante et sexy.

 

En 1955, James Dean confirmera que le t-shirt est le signe de l’homme viril et sexy, mais aussi de la rébellion dans La Fureur de vivre.

 

Dans A bout de souffle de Jean-Luc Godard, le t-shirt devient le symbole de la Nouvelle Vague. Le T-shirt incarne un vent de fraîcheur. Il n’est ni conformiste ni polémique : il est conceptuel.

 

Grâce au cinéma, le T-shirt s’est installé dans la culture populaire. Il devient un levier d’expression, il porte et prône des messages forts, parfois politiques, parfois publicitaires. Les hippies les teignent de leur fameux tie-and-die alors que les marques s’imprimeront plus tard sur ces surfaces blanches comme des motifs.

 

Les formes du T-shirt vont varier en fonction des époques. D’abord près du corps, il va s’élargir et se rétrécir au fil des années. Dans les années 90, il laissera même voir le ventre nu de toute une génération de jeunes filles à l’image de Lorie ou Britney.

 

Des groupes de Rock mais aussi des créateurs vont se servir du T-shirt comme des étendards à leur effigie.

Les contrefaçons foisonnent, mais chacun peut se procurer LE logo.

Le t-shirt a révolutionné la marque en elle-même en proposant aux consommateurs de s’offrir un concentré de luxe à Saint-Ouen pour une dizaine d’euros.

 

Le T-shirt est donc démocratique. Le T-shirt habille les rues. Hommes et femmes s’offrent ce maillot en coton, pratique et chargé d’histoire. A l’heure où la basket et le jean sont la doctrine des dressings, le T-shirt semble être un membre légitime du vestiaire de l’utile. De plus, T-shirt semble gommer les différences de genre et de classe. Marlon Brando, James Dean, Jean Seberg sont les emblèmes du T-shirt commun, tout-terrain.

 

Hétéroclite, cette pièce croisée un nombre incalculable de fois ce matin est la pièce de l’universel. Le T-shirt propose, de par sa généalogie et ses emplois, un nombre incalculable d’usages, d’histoires, de fantasmes.

 

Sophie Fontanelle, critique mode pour L’Obs, met le T-shirt col rond à l’honneur sous une chemise en soie. Le maillot de corps devient une partie prenante de l’outfit et plus seulement un sous-vêtement. Il n’est plus une pièce facile mais une pièce de style, d’allure, d’élégance. L’avenir du T-shirt est donc bel et bien en route. Un mix and match de matières, de motifs, de couleurs, rendent le T-shirt toujours plus branché, toujours plus pratique dès que les nuits se font plus fraîches, toujours plus glamour lorsque son éloge en est faite par une poète de la mode.

 

Maintenant, je vais retourner regarder les T-shirts marcher dans la rue.

Savoir d’où ils viennent permet de respecter un peu plus cette pièce héritée des sous-vêtements militaires et de la sueur de Marlon Brando afin de porter cette pièce avec la puissance et la sensualité de ses emblèmes.

 

Alors Sophie it means : a t-shirt a day does not push the Fashion away …

 

Le Dehors.